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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/528

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croisade contre les albigeois.

denier ni à moi ni aux autres [7895] jusqu’à ce que vos soudoyers soient tous payés. Mais, pour ne pas être en reste avec vous, je vous ferai en retour un beau présent : si vous prenez Toulouse d’ici un an, quand vous l’aurez conquise, je vous donnerai Montpellier. C’est que, par Sainte Marie, on m’a conté ces jours-ci [7900] qu’ils ont dans la ville tout ce qui leur est besoin, et bon courage, et nombreuses forces, et droit seigneur. Et ils sont si vaillants combattants, si bons guerriers, que pour un coup que vous leur donnez ils vous rendent un massacre. Nous venons de pays étrangers, comme nouveaux pénitenciers, [7905] et nous servirons l’Église de bonne grâce toute la quarantaine, jusqu’au dernier jour, et puis nous nous en retournerons par le même chemin. » Ils parlèrent ensemble jusqu’au quartier général où le comte de Montfort tient le siége en face de la ville.

[7910] Cependant à Toulouse les habitants sont en souci, voyant l’ennemi se montrer de maintes parts, et toute la chrétienté les menacer et les frapper. Mais le fils de la Vierge, pour les relever, leur envoya un bonheur, un rameau d’olivier, [7915] une claire étoile, l’étoile du matin sur la montagne : le vaillant jeune comte, clarté et légitime héritier, entre par la ville, avec la croix[1] et l’acier[2]. Mais Dieu fit pour lui un miracle et montra par un signe éclatant qu’il enchaînerait le lion sanguinaire. [7920] De la tour du

  1. La croix de Toulouse.
  2. L’auteur paraît oublier qu’il a déjà annoncé l’entrée du jeune comte, vv. 7568-9.