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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/564

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croisade contre les albigeois.

peuples, inspirons-leur la hardiesse, de sorte qu’aucun homme capable de porter les armes ne reste en arrière ; qu’armés de la croix et du glaive tous marchent à la suite du roi. [8735] Et je vous dis bien sans mentir qu’à la Pentecôte vous verrez venir tant de croisés, tant de monde, que la terre aura assez à faire de les soutenir. Avec eux nous subjuguerons entièrement Toulouse. Et avant de nous en aller nous prendrons telles mesures [8740] que personne n’osera nous opposer résistance ni murmurer. — Sire, » dit l’évêque[1], « j’irai de grand cœur accomplir ce message. Il est dur, cruel, étrange à ouïr, et c’est pour moi une chose incompréhensible que Dieu puisse consentir [8745] à la mort de son digne fils[2], si dévoué pour lui. Tandis que tout autre père, ce me semble, par l’effet de la nature, s’affligerait en voyant mourir son fils, lui, Dieu, il ne fait pas semblant que cette perte lui soit pénible ni douloureuse, car alors qu’il les devrait tuer, c’est nous qu’il abaisse. [8750] Et puisque Toulouse nous fait peiner et languir, allons chercher un médecin capable de nous guérir. Et puisque Dieu nous oublie, tâchons de faire compensation ; car, si en aucune façon ils peuvent se défendre de nous, échapper et fuir par air ou par terre, [8755] jamais nous ni l’Église ne pourrons réparer notre perte. » Le comte Amauri dit : « Je ne puis que vous rendre grâces, quand vous voulez faire payer si cher la mort de mon père. — Seigneurs, » dit le comte de Soissons, « je veux m’en aller avec toute ma

  1. Folquet.
  2. Simon.