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introduction, § ix.

s’exprime ainsi : « Encore viendra la pierre et celui qui la sait lancer, si bien que de toutes parts vous entendrez crier : Qu’elle tombe sur le pécheur ! »

Comme l’anonyme commence au v. 2769 du poème, on voit que la première de ces allusions (v. 3146) est bien rapprochée du début. Il n’y a donc nulle témérité à supposer que Simon était tombé sous les murs de Toulouse lorsque notre auteur se mit à l’œuvre, ou, s’il avait commencé avant cet événement, c’était depuis quelques jours à peine, à en juger par le peu qu’il avait fait.

On pourrait objecter que les trois allusions à la mort de Simon ont pu être intercalées après coup, le poème étant déjà en voie de composition. C’est ainsi que nous avons supposé plus haut que Guillem de Tudèle, s’étant mis à écrire en 1210, ajouta postérieurement un prologue et quelques vers sur l’élévation d’Arnaut Amalric à l’archevêché de Narbonne et sur la bataille de las Navas de Tolosa. Mais le caractère des deux auteurs est absolument différent, et cette différence se reflète dans leurs procédés de composition. G. de Tudèle est un clerc qui compose sa chronique en vers avec le calme et la réflexion qu’un autre clerc apporterait à la rédaction d’une chronique latine. C’est un honnête chroniqueur qui désire présenter un récit aussi complet que possible, et se lamente quand les circonstances ne lui permettent pas de recueillir toutes les informations dont il a besoin. Tout en continuant le récit, il a dû plus d’une fois revenir sur ses pas, revoir les pages déjà écrites et les corriger. Il en est tout autrement du poète de la seconde partie, écrivain prime-sautier, composant de verve, et trop impatient d’avancer pour s’attarder à fourrer des allusions dans les pages déjà écrites. La mort de Simon, bientôt suivie de la levée du siège, eut dans Toulouse un immense