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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/84

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introduction, § x.

terbury Étienne de Langton, et de bien d’autres matières. Le poète, tout entier à son sujet, ne voit dans le concile que ce qui l’intéresse et ignore tout ce qui n’a pas trait à la question de Toulouse. Peut-être a-t-il tort d’introduire les seigneurs du Midi dans une séance du concile proprement dit, mais l’erreur, si erreur il y a, est toute de forme : la discussion a pu avoir lieu en dehors du concile, mais à coup sûr elle a eu lieu, le pape et un certain nombre de dignitaires ecclésiastiques étant présents. Et ce qui semblerait prouver que le débat ne s’est point passé en petit comité devant une sorte de tribunal spécial, c’est que nous voyons paraître un personnage qui n’a pas été imaginé à plaisir par le poète, puisque sa présence au concile est connue d’ailleurs, qui d’autre part n’était certainement pas venu pour les affaires de la croisade, à savoir l’abbé de Beaulieu[1] (Hampshire), l’un des représentants envoyés par Jean Sans-Terre pour soutenir sa cause contre Étienne de Langton.

Le débat contradictoire étant admis, il n’y a, ce me semble, aucune raison de contester que les personnes mises en scène par le poète y aient réellement pris part, et si elles y ont pris part on ne voit pas qu’elles aient pu exprimer des idées différentes de celles que le poète leur a prêtées. Reste le rôle que notre récit fait jouer au pape. Je pense que ce rôle, sauf que les traits caractéristiques en sont évidemment chargés, fut réellement celui du pape ; qu’il se trouva engagé contre sa volonté à consacrer une spoliation qui n’était jamais entrée dans ses prévisions, et qu’il y eut à ce propos entre lui et les évêques dévoués à Simon de vifs débats. Déjà en 1213 le pape s’était aperçu qu’on l’entraînait trop loin, et Pierre de Vaux-Cernai a constaté que les

  1. V. 3574 ; voy. II, 192, note 2.