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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/88

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introduction, § x.

d’une série de grandes scènes, néglige en général la transition des uns aux autres. Il nous montre Simon de Montfort se dirigeant avec une incroyable rapidité vers Toulouse et y faisant son entrée avec tout l’appareil de la guerre, au grand effroi des habitants. Le motif de cette arrivée si subite — qui est tout à fait dans la stratégie de Simon — il ne nous le fait pas connaître tout d’abord : fidèle aux procédés scéniques, il attend qu’il ait occasion de faire parler Simon, et cette occasion s’étant produite, nous voyons celui-ci se plaindre, dans un discours plein de menaces adressé aux Toulousains, de ce qu’ils ont profité de son absence pour se liguer contre lui[1] ce que nous savons d’ailleurs par Pierre de Vaux-Cernai[2]. Voilà pourquoi il était arrivé de Beaucaire à Toulouse en trois jours, c’est-à-dire, si la donnée du poème est exacte, en chevauchant jour et nuit. Les Toulousains ne tardent pas à se soulever contre Simon et les siens, mais l’insurrection est réprimée impitoyablement[3] ; les habitants sont désarmés, beaucoup exilés, la ville subit une forte contribution et est en partie détruite[4].

Ce soulèvement si malheureux est conté en grand détail. Cependant, par exception, il faut, je crois, admettre ici que l’auteur n’a pu assister tout au plus qu’à la dernière partie du drame. En effet, s’il est resté à Beaucaire jusqu’à la fin du siège, comme il y a apparence, il est vraisemblable qu’il aura continué à séjourner dans la même région avec le jeune comte pendant au moins quelques semaines. Or nous savons que le jeune comte, en quittant Beaucaire, se rendit à Saint-

  1. V. 5010-3.
  2. Voy. II, 259, n. 4.
  3. Tirades 171 à 179.
  4. Pierre de Vaux-Cernai, fin du ch. LXXXIII ; Bouquet, XIX, 107 c.