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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/94

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introduction, § x.

louse, afin de le presser d’y faire son entrée. Ces deux noms pourraient, sans que le récit perdît notablement de sa vraisemblance, avoir été sinon inventés, du moins pris au hasard parmi les noms des notables toulousains de l’époque. Mais on verra sans doute une preuve, ou du moins une très grande présomption d’exactitude, dans ce fait que l’une des deux personnes mentionnées par le poète, Ugo Joan, fut en réalité l’ami de Raimon VI, car une enquête analysée par Catel[1] nous apprend que ce fut dans la maison de ce Joan que mourut le comte de Toulouse.

Aussitôt le comte Raimon entré dans Toulouse, les habitants se soulèvent et massacrent ou mettent en fuite les Français qu’ils rencontrent dans les rues. Puis la scène change : elle est transportée dans le Château Narbonnais, et a pour acteurs la dame de Montfort (la comtesse, comme l’appelle toujours le poème) et plusieurs de ses chevaliers. Je passe rapidement sur cette scène qui est habilement construite, mais dont l’histoire ne peut accepter que la conclusion, puisqu’elle se compose de discours en style direct, que naturellement le poète n’a pu entendre. La conclusion, c’est qu’un messager est envoyé à Simon, pour lui demander d’accourir au plus tôt.[2]

Entre temps, et tandis que le comte de Toulouse réorganise son administration et que la ville se met en état de défense, Gui de Montfort, le frère de Simon, venant, nous dit Pierre de Vaux-Cernai, de Carcassonne, livre dans les rues mêmes de Toulouse un combat infructueux. Pierre semble indiquer que le but de Gui de Montfort était simple-

  1. Hist. des comtes de Toulouse, p. 316. J’ignorais ce fait lorsque j’ai écrit la note 4 de la p. 301.
  2. V. 5808-45.