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Page:La Foire Saint Laurent.pdf/16

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II

Le ciel, mon Bobêche,
T’a si bien traité,
Ta joue est la pêche
Au teint velouté.
Ta voix est la harpe
Des divins élus ;
Tu fais le saut d’ carpe
Comme on n’ le fait plus !
Aimons-nous en cachette,
Etc.

BOBÊCHE, il descend de l’estrade, le visage barbouillé de savon, tenant un rasoir de la main droite et de la main gauche un miroir qu’il attache à la toile de la baraque.

Me voilà ! princesse, me voilà !

Il l’embrasse et lui laisse sur la joue une partie du savon dont il a le visage barbouillé.
MALAGA, s’essuyant la joue.

Ah !…

BOBÊCHE, fièrement.

C’est du savon d’artiste…

MALAGA.

C’est vrai !… quel parfum ! il sent l’huile de quinquet ! Vous avez reçu mon billet ?

BOBÊCHE, faisant un geste par trop démonstratif le rasoir à la main.

Si je l’ai reçu !…

MALAGA, avec effroi.

Prenez garde !…

BOBÊCHE.

Ne craignez rien ! c’est un rasoir d’artiste !… Il n’a pas le fil.

MALAGA.

C’est vrai !… Vous avez lu ?

BOBÊCHE.

Le billet ? Parbleu ! votre mari vous croit à Chartres…

MALAGA.

Et lui pendant ce temps, il court avec des donzelles… Ah ! le perfide !