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Page:La Foire Saint Laurent.pdf/88

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RAMOLLINI.

Eh bien ! gardez-le. (Il va chercher le fauteuil de bureau à gauche, le prend et l’adosse à celui de dame Angèle.) Je m’installe ici… et je le tuerai !

Il va pour s’asseoir.
DAME ANGÈLE.

Prince ! y pensez-vous ? Un homme dormir près de moi !

RAMOLLINI.

Qu’est-ce que ça peut vous faire ?… si je m’y résigne. (Il s’assied.) Ronflez-vous ?

DAME ANGÈLE.

Non certes… mais la bienséance…

RAMOLLINI, sortant un madras de sa poche.

Pour la bienséance, soyez tranquille ! je ferme les yeux quand je dors. (Se retournant en s’agenouillant sur son fauteuil.) Vous ne voudriez pas me mettre mon foulard ?

DAME ANGÈLE, se levant, à part.

Si Rouen me voyait.

RAMOLLINI.

Ne faites donc pas de manières. (Il lui donne sa tête. – Elle lui noue son foulard de façon à lui faire deux grandes cornes ; il s’en aperçoit et les baisse.) Je n’aime pas les allusions.

Il retire son habit.
DAME ANGÈLE.

Prince !

RAMOLLINI.

Eh bien ? quoi ! Prince, mettez-vous à votre aise aussi, et fichez-moi la paix ! Bonna nocte, la vieille !

Il s’installe.
DAME ANGÈLE, s’installant.

La vieille !… Quelle nuit ! Bonsoir, prince !

CARLINETTE, bas à Nicolas.

Dites donc, Mahomet, est-ce qu’ils ne vont pas bientôt dormir ? je me fatigue, moi !…