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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 2.djvu/177

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TROISIESME PARTIE.

Le drosle avoit tantost peine à démordre :
J’en ay pitié ; je le plains, aprés tout.
N’y songeons plus ; qu’il meure, et qu’on l’enterre.
Et quant à vous, venez nous voir souvent.
Nargue de ceux qui me faisoient la guerre :
Dans neuf mois d’huy je leur livre un enfant.



III. — LES REMOIS.



Il n’est cité que je prefere à Rheims :
C’est l’ornement et l’honneur de la France ;
Car, sans conter l’Ampoule et les bons vins,
Charmans objets y sont en abondance.
Par ce point-là je n’entends, quant à moy
Tours ny portaux, mais gentilles Galoises,
Ayant trouvé telle de nos Remoises
Friande assez pour la bouche d’un Roy.
Une avoit pris un Peintre en mariage,
Homme estimé dans sa profession :
Il en vivoit : que faut-il davantage ?
C’estoit assez pour sa condition.
Chacun trouvoit sa femme fort heureuse.
Le drosle estoit, grace à certain talent,
Trés bon Epoux, encor meilleur Galant.
De son travail mainte Dame amoureuse
L’alloit trouver ; et le tout à deux fins,
C’estoit le bruit, à ce que dit l’Histoire :
Moy qui ne suis en cela des plus fins,
Je m’en rapporte à ce qu’il en faut croire.
Dés que le Sire avoit Donzelle en main,
Il en rioit avecque son Epouse.
Les droits d’hymen allant toûjours leur train,
Besoin n’estoit qu’elle fist la jalouse.
Mesme elle eust pû le payer de ses tours,
Et comme luy voyager en Amours ;