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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 2.djvu/220

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CONTES ET NOUVELLES.

Moy, je vous permets d’esperer
Qu’à qui que ce soit qu’on m’engage,
Soit Conseiller, soit President,
Soit veille ou jour de Mariage,
Je seray vostre auparavant,
Et vous aurez mon Pucelage.
Le garçon la remercia
Comme il put. A huit jours de là,
Il s’offre un party d’importance.
La Belle dit a son amy :
Tenons-nous-en à celuy-cy ;
Car il est homme, que je pense,
A passer la chose au gros sas.
La Belle en estant sur ce cas,
On la promet ; on la commence ;
Le jour des Noces se tient prest.
Entendez cecy, s’il vous plaist.
Je pense voir vostre pensée,
Sur ce mot-là de commencée.
C’estoit alors, sans point d’abus,
Fille promise et rien de plus.
Huit jours donnez à la Fiancée,
Comme elle apprehendoit encor
Quelque rupture en cet accord,
Elle differe le negoce
Jusqu’au propre jour de la noce ;
De peur de certain accident
Qui les filletes va perdant.
On meine au moustier cependant
Nostre Galande encor pucelle ;
Le ouy fut dit à la chandelle.
L’Epoux voulut avec la Belle
S’en aller coucher au retour.
Elle demande encor ce jour,
Et ne l’obtient qu’avecque peine ;
Il falut pourtant y passer.
Comme l’Aurore estoit prochaine,
L’Epouse, au lieu de se coucher,