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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 2.djvu/228

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CONTES ET NOUVELLES.

J’avois receu Polyphême ?
L’enfant, d’un air enjoué,
Ayant un peu secoüé
Les pieces de son armure,
Et sa blonde chevelure,
Prend un trait, un trait vainqueur,
Qu’il me lance au fond du cœur.
Voila, dit-il, pour ta peine.
Souviens-toy bien de Climene
Et de l’Amour ; c’est mon nom.
Ah ! je vous connois, luy dis-je,
Ingrat et cruel garçon ;
Faut-il que qui vous oblige
Soit traité de la façon ?
Amour fit une gambade ;
Et le petit scelerat
Me dit : Pauvre camarade,
Mon arc est en bon estat ;
Mais ton cœur est bien malade.



XIII. — LE PETIT CHIEN


QUI SECOUE DE L’ARGENT ET DES PIERRERIES.


La clef du coffre fort et des cœurs, c’est la mesme
Que si ce n’est celle des cœurs,
C’est du moins celle des faveurs :
Amour doit à ce stratagême
La plus grand’part de ses exploits :
A-t-il épuisé son carquois,
Il met tout son salut en ce charme suprême.
Je tiens qu’il a raison ; car qui hait les presens ?
Tous les humains en sont friands,