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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 2.djvu/293

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QUATRIESME PARTIE.
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A tous Epoux Dieu doit pareille joye !
Ne plus ne moins qu’employoit au desert
Rustic son diable, Alibech son enfer[1].



X. — LA JUMENT DU COMPERE PIERRE.


Messire Jean (c’estoit certain Curé
Qui preschoit peu, sinon sur la Vendange)
Sur ce sujet, sans estre préparé,
Il triomphoit ; vous eussiez dit un Ange.
Encore un poinct estoit touché de luy,
Non si souvent qu’eust voulu le Messire ;
Et ce poinct là les enfans d’aujourd’huy
Sçavent que c’est, besoin n’a de le dire.
Messire Jean, tel que je le descris,
Faisoit si bien que femmes et maris
Le recherchoient, estimoient sa science ;
Au demeurant, il n’estoit conscience
Un peu jolie, et bonne à diriger,
Qu’il ne voulust luy mesme interroger,
Ne s’en fiant aux soins de son Vicaire.
Messire Jean auroit voulu tout faire,
S’entremettoit en zelé directeur,
Alloit par tout, disant qu’un bon Pasteur
Ne peut trop bien ses oüailles connoistre,
Dont par luy mesme instruit en vouloit estre.
Parmi les gens de luy les mieux venus,
Il frequentoit chez le compere Pierre,
Bon villageois, à qui pour toute terre,
Pour tout domaine, et pour tous revenus,
Dieu ne donna que ses deux bras tout nus,

  1. Ces deux derniers vers ont été supprimés à partir de l’édition de 1685.