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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/100

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Le Bouif errant

raseurs lui avant ce soir, balbutia-t-il. Monsieur est rentré très tôt… Ce matin… Monsieur n’aime pas qu’on le réveille…

— Ne réveillez point Son Altesse. J’attendrai le temps qu’il faudra dans cette antichambre. Je veillerai sur le sommeil de Sa Majesté.

— Encore un phénomène que le patron a récolté, maugréa le valet de chambre. Entrez dans le petit salon, monsieur. Vous serez mieux que dans le corridor et vous ne dérangerez personne.

Bossouzof s’inclina sans répondre. Il était visiblement préoccupé. Son état d’âme l’empêcha de remarquer le désordre qui régnait dans l’appartement de Ladislas.

Le jeune héritier de la couronne de Carinthie habitait, rue Murillo, une garçonnière fort modeste.

Mais il avait suppléé à la somptuosité de l’appartement par l’ingéniosité et par l’originalité du décor et du mobilier, qui défiaient toutes les règles de la vraisemblance.

Pénétré de l’importance de sa mission, le comte Michaël Bossouzof regardait, comme un militaire, sans rien voir.

Les yeux fixés à quinze pas, il n’apercevait point le tohu-bohu qui régnait dans la pièce.

Pourtant, les fauteuils et les divans paraissaient avoir éprouvé de fortes secousses sismiques : Des coussins gisaient, épars, sur les tapis, une fourrure féminine était accrochée au lustre et des bas de soie autour du cou d’une statue prouvait que le prince Ça Va supportait fort allégrement les rigueurs de son exil.

Raide comme un tambour-major, le délégué du