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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/114

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Le Bouif errant

posait sur une table, une nappe, une bouteille cachetée, des cigares et un service à Porto. Il était au courant des habitudes de son jeune maître. Jamais un visiteur ne sortait de la garçonnière de Sava sans cette petite formalité d’adieu.

Cette façon de concevoir l’hospitalité intéressa aussitôt le comte Michaël Bossouzof que les spiritueux attiraient, comme une grosse mouche gourmande.

— Vive le roi ! fit-il en levant son verre. Je souhaite une grande prospérité au règne de votre majesté auguste !

— Encore ! ronchonna Bicard. Je m’appelle Alfred, je vous ai dit. Tâchez donc moyen, à l’avenir, de ne plus me donner un nom de cirque et versez un peu plus de porto dans mon verre, à cause du privilège de mon grade.

Il venait de serrer soigneusement, dans la poche de son veston, le portrait de la princesse Kiki, comme il nommait déjà mentalement la jolie Mitzi de Kummelsdorf.

Toute sa mélancolie s’était subitement dissipée à la vue du Porto et des verres.

— À ma santé ! fit-il. Quand partons-nous ?

— Le plus tôt sera le mieux, précisa le plénipotentiaire. Les sleepings sont retenus à l’Orient-Express. Un taxi attend à la porte. Nous serons à Sélakçastyr après-demain pour la cérémonie du couronnement. Votre Majesté emmène-t-elle son secrétaire ?

— Toujours, certifia Ladislas.

— C’est un employé inamovible, ajouta Bicard. C’est un rouage de la monarchie essentiellement