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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/133

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Le Bouif errant

Bicard était en simple veston de voyage. La transformation serait donc longue.

Sous le regard du Maréchal du Palais et du Grand Chambellan, six grands gaillards en livrée se précipitèrent donc sur le monarque et l’entraînèrent dans les appartements privés, où ils se mirent en devoir de procéder à son travestissement.

Mais Bicard n’était pas un homme d’humeur à se laisser martyriser par l’étiquette.

Il commença donc par se secouer, vigoureusement, pour se dégager des larbins. Puis il réclama sa pipe.

— Sire, protesta avec horreur le Grand Chambellan, les rois de Carinthie ignorent l’usage de cet objet.

— C’est une lacune que je comblerai, par une Loi, quand j’aurai passé mon uniforme, grogna Bicard… Et je passerai aussi mon caleçon tout seul, si cela ne vous fait rien… Je ne suis pas un Roi fainéant, comme Louis quatorze, qui ne se servait de ses deux bras que pour mettre ses mains dans ses poches… Débinez-vous, s. v. p. ! Je n’aime pas retirer mon falzar devant l’Assistance Publique.

Sava, fort heureusement pour la réputation du nouveau Roi, traduisit ainsi (en Carinthien) les paroles que Bicard prononçait en français.

— Sa Majesté désire s’habiller seule. Elle prie simplement le Service de la Garde-Robe de l’aider à revêtir les insignes du Haut Commandement. Les éperons d’or, le glaive de la Loi, la couronne royale (qui était un bonnet de fourrure blanche, avec une aigrette d’or), le sceptre et les ordres.