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Le Bouif errant

Mais une pensée le fit tourner dans sa cage, comme un fauve pris au piège… Mitzi.

La jeune fille était perdue pour lui. Il éprouva de nouveau l’angoisse qui l’avait torturé après le départ de l’infidèle Kiki.

Puis il s’efforça de maîtriser ses nerfs et inspecta minutieusement son cachot. Il y avait des sabots sous la table. Il en prit un dans sa main droite. Ainsi armé, il résolut d’attendre la première personne qui entrerait, de l’assommer et de s’enfuir.

La voix de Kolofaneski résonnait encore dans son oreille : « Un coup pour le garçon, deux pour la femme de chambre. »

Le Bouif connaissait le guichetier. Un colosse qu’un coup de merlin ne suffirait pas à étourdir. Il n’y avait pas à hésiter. Serrant son sabot dans sa main droite, il frappa… Deux coups… La porte s’ouvrit et… son arme lui tomba à ses pieds.

La femme de chambre était la vieille fée, à laquelle il avait si malencontreusement fait le signe réservé à la favorite, lors de la cérémonie de l’Hommage. La duègne qu’il avait repoussée, comme indésirable, était une affiliée de la Main Noire.

Plus affreuse encore sous son uniforme de geôlière, la mégère s’avançait, en adressant au prisonnier un sourire si particulièrement lubrique que Bicard recula jusqu’au fond de sa prison.

— Votre Majesté a besoin de mes services ?

— Laissez-moi sortir, dit Bicard.

— Sortir ? ricana la vieille. Ah ! ah ! ah ! mon joli pigeon, sortir du cachot de la Mort lente ?… Il ne fallait pas y entrer, Sire.