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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/212

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Le Bouif errant

soleil, et échangeaient leurs impressions, tout en examinant la topographie des alentours.

Ces deux explorateurs portaient le costume pittoresque des Robinsons de ciné-romans.

Déguenillés autant qu’il le fallait pour paraître décoratifs, sans être accusés d’indécence, ils laissaient flotter, à la brise, les lambeaux de leurs vêtements déchiquetés Sans doute, les malheureux avaient dû lutter longtemps contre les éléments déchaînés ; le vent, les vagues et les récifs, avant de parvenir à ce degré de perfection photogénique.

Ils n’avaient conservé sur eux, comme indice de la civilisation, d’où ils sortaient, qu’une jumelle d’approche et un bracelet-montre.

Tout le reste de leur équipement était formé par un assemblage de pièces de toiles et de morceaux d’étoffes disparates et déchirées.

L’un des deux hommes était tête nue ; son compagnon avait garanti son crâne avec un curieux chapeau de joncs tressés. Ils étaient sans chaussures et bras nus. Leur aspect eût sans doute enchanté un peintre de l’école hypernaturaliste, ou une Américaine chercheuse de sensations imprévues. Malheureusement, il n’y avait dans le paysage ni artiste, ni voyageuse romanesque. Il n’y avait, à perte de vue, que de l’eau, des rochers, du sable, quelques massifs d’eucalyptus et de tamaris et un unique palmier en zinc, comme un comptoir de bistro, dont l’aspect déconcertait toutes les prévisions géographiques tellement il était inattendu.

— À quoi reconnais-tu le Paradis Terrestre, Ladislas ? grogna le plus petit des deux hommes ?