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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/224

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Le Bouif errant

bout d’un fil, t’as encore besoin de prendre des leçons.

— C’est vrai, opina la Princesse de Kummelsdorf.

— Tu vois, fit Bicard en souriant. Je ne suis pas le seul à me rendre compte. Toi, tu es le rouage décoratif. Moi, je représente le Moteur. Le moteur, dans les îles désertes, c’est celui qui connaît les usages locaux et la façon de s’en servir. Grâce à mon espérience des îles désertes, nous serons ici comme des coqs en plâtre, nourris, logés, blanchis, sans loyers ni contributions. Nous coloniserons la contrée et nous cultiverons les terrains arabes.

— Avec quoi ? interrompit Sava. Le terrain arable ne se remue pas en soufflant dessus.

Mais l’inaltérable confiance du Bouif ne se démontait point facilement.

— Sommes-nous des naufragés ? Oui ou non ? Sommes-nous des Robinsons Crusoé.

— Nous en avons l’air, murmura Mitzi.

— En ce cas, pourquoi serions-nous exempts des privilèges réservés à la caste des naufragés. Les naufragés rencontrent toujours sur le rivage de la mer une caisse avec des outils providentiels. Sans ça, ce ne serait plus des Robinsons.

— Évidemment, fit Mitzi.

— Cause toujours, Alfred, dit Sava.

— Tu rigoles, cria Bicard, indigné. Qu’est-ce que tu paries que je reviens ici avec une charrue, une bêche ou un fusil ? Tous les outils nécessaires à l’établissement d’une Colonie ?

— Je ne dis pas non, ne te fâche pas, mon vieux Bicard, D’ailleurs, tu peux toujours essayer ?