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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/226

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Le Bouif errant

— Voici des fleurs, disait Sava.

Le Bouif demeura stupéfait. Le Prince était assis sur la sacoche de Bicard et tenait Mitzi entre ses bras.

La jeune fille le regardait, sans dire un mot.

Le prince lui avait apporté une gerbe de mimosas. Et sans doute la petite Princesse avait trouvé cette attention supérieure au souper de Bicard, car elle adressait au jeune homme un sourire que le Gouverneur de l’île déserte lui envia.

Et Sava approchait ses lèvres si près des lèvres de Mitzi, que Bicard éprouva au cœur un lancement imprévu.

Le festin d’amour était encore pour Ladislas. Le Bouif n’avait apporté que les moules. Le Prince avait cueilli les fleurs.

Le bruit d’un baiser le fit reculer doucement. Il ferma les yeux. Il ne voulait pas voir l’étreinte. Mitzi lui rappelait toujours Mlle Coqueluche : l’infidèle Kiki.

Les mimosas lui remirent en mémoire le bouquet abîmé chez le coiffeur.

— Moi aussi j’avais apporté des fleurs, murmura-t-il.

Alors, comme Kiki, absente, ne répondait point, et comme Mitzi restait muette, sous l’étreinte photogénique de Ladislas, le Bouif s’éloigna, à reculons, et reprit ses recherches interrompues.

Tout en explorant le rivage et les rochers garnis de coquilles bivalves, il murmurait des mots confus. Abnégation… Sacrifice… Holocauste… Supplice de Cancale, etc., etc. Le pauvre homme se consolait, de son mieux, en philosophant parmi les huî-