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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/250

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Le Bouif errant

Docteur Cagliari hantait, de nouveau, la cervelle du Bouif.

Il avait donc insisté pour que son nom véritable ne paraisse pas sur l’affiche. On l’appelait « Le prince Boléro ». Ce nom espagnol devait dérouter les recherches de l’Orientaliste.

Sous le costume de fantaisie d’un monarque balkanique, Bicard avait commencé à tourner. Il tournait mal, aux dires de la Star, Ethel Kirby. Il tournait bien, d’après l’opinion de Clairvil, auquel il avait remis, fidèlement, les cinq millions de la L. C. D. E. L. P.

Ébloui de cette fortune, Clairvil avait eu d’abord l’idée de conserver tout cet argent dans son coffre-fort. Mais la crainte d’être volé le décida à déposer la somme à la Banque. Ce fut ainsi que le coup de théâtre éclata.

Lorsque le caissier de la Société d’éditions revint, fort déconfit, Bicard, assis sur son trône, dans un décor de féerie, recevait les hommages de la figuration revêtue de costumes de Cour.

Mitzi et Sava, qui commençaient également leur éducation artistique, se tenaient à l’écart derrière un châssis. Les deux jeunes gens étaient préoccupés. Paris ne semblait plus aussi attrayant au Prince Sava depuis son voyage en Carinthie. Il avait conçu pour la Princesse de Kummelsdorf une passion sincère et profonde. Il était retourné à sa garçconnière pour congédier son domestique et effacer tous les souvenirs de son existence de plaisir. Il n’était point revenu au Bahr-el-Ghazal, il avait abandonné son pseudonyme Sava. Il n’était plus que le Prince Ladislas.