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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/28

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Le Bouif errant

— Ça devait arriver fatalement, assura Alfred avec un geste dégagé. Kiki a dû tout apprendre.

— Quoi donc ?

— Je la trompais, madame Soupir. Oui, j’ai peut-être eu tort à mon âge. Mais, que voulez-vous ! Je suis homme… Alors !

— Ah bien ! assura Mme Soupir, c’est bien la dernière des opinions que je me serais faite de vous, monsieur Bicard. Mais je préfère être fixée, sous ce rapport, parce que je n’osais pas vous parler de la note de quinzaine que votre petite amie n’a pas réglée.

Elle présentait, en parlant, un papier que Bicard prit sans empressement.

— Ah ! fit-il, en fouillant dans toutes ses poches, j’avais oublié le jour du terme, en effet.

Mme Soupir, cette fois, n’avait pas soupiré. La femme sensible avait fait place à la préposée responsable et investie de la confiance du propriétaire. Sérieuse, elle pinçait les lèvres, en examinant Bicard et les billets de cinq et de dix francs que l’ami de Mlle Coqueluche extériorisait successivement.

Enfin, quand le total du loyer fut aligné devant elle, elle consentit à redevenir une femme.

— Et les fleurs, monsieur Bicard ? fit-elle avec un sourire qui montra toutes ses dents absentes.

Bicard regarda un instant la concierge ; puis, avec un geste de Don Juan faisant ses adieux à une duchesse :

— Gardez-les, en souvenir de moi. Je vous les offre, madame Soupir.

Puis il s’échappa prestement, sans attendre la réponse de la dame.