Aller au contenu

Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
Le Bouif errant

joli garçon, très sportif, qui connaissait Paris beaucoup mieux que Sélakzastyr, sa capitale, dont il ne se rappelait que le nom.

Il y avait vingt ans qu’il menait en France l’existence désœuvrée des souverains en demi-solde.

Il recevait semestriellement de mystérieuses sommes d’argent qui lui permettaient cependant de continuer sa vie fastueuse. Il s’inquiétait peu de connaître l’origine de cet argent, ce qui dénotait déjà une assez profonde diplomatie.

La Carinthie était gouvernée (ainsi que beaucoup d’autres États) par des nationalistes intransigeants et par des révolutionnaires outranciers. Les deux factions se détestaient et occupaient leurs adeptes à des conspirations continuelles. Chaque parti avait eu maintes fois l’occasion d’anéantir totalement son adversaire, mais c’eût été renoncer à la lutte perpétuelle qui constituait la seule raison d’être des hommes politiques de Carinthie. Les nationalistes étaient donc autant intéressés à conserver les communistes, que les communistes à ménager les loyalistes. Cette politique procurait à la Carinthie un gouvernement aussi instable que stationnaire.

À l’instar des ministres interchangeables de la République française, les Dictatures et les Autocraties se succédaient en Carinthie sans grand danger pour le courant des affaires. Comme le Commerce, le Clergé, la Magistrature et l’Armée étaient toujours les soutiens dévoués du parti qui possédait le Pouvoir, les modifications du Gouvernement n’apportaient aucun changement dans les abus et dans les scandales ; si bien que le peuple