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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/93

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Le Bouif errant

le Bahr-el-Gazal. C’était le célèbre prestidigitateur illusionniste Bussolini, de l’Académie de Milan.

Le maestro Bussolini était justement célèbre par la dextérité avec laquelle il faisait disparaître les objets qu’on lui confiait et les transformait en omelettes, en pigeons vivants, en poissons rouges, en canaris dans une cage ou en lapins domestiques.

On l’ovationnait dans tous les bars de nuit. Il avait une popularité grandiose, soigneusement entretenue par ses compatriotes, qui assuraient que Bussolini surclassait tous les escamoteurs présents, passés et à venir. Sa prestance et sa manière de saluer les poules de joie enthousiasmaient les belles clientes des crémeries luxueuses, très flattées des hommages d’un homme qui procurait à ses contemporains presque autant d’illusions qu’elles-mêmes.

Bicard, en sa qualité d’ancien limonadier parlementaire, s’intéressait prodigieusement à tous les bonimenteurs. L’arrivée de Bussolini le rendit donc fort attentif. Car le Bouif possédait en matière de tours de passe-passe, de fort jolies compétences.

Lorsqu’il avait remplacé, pendant deux jours, le Ministre des Relations Commerciales Extérieures, il avait embarqué avec lui, à l’occasion d’un voyage ministériel, le président Milénine, délégué des Soviets de Courlande, qui lui avait enseigné la technique de la Prestidigitation révolutionnaire[1].

Il se souvenait également de l’illusionniste Caroli, qui avait si joliment mystifié le député Compote, lors de la réception maçonnique à Luna-Park. Et Bicard avait tant de fois assisté, à la bu-

  1. Voir : Son Excellence le Bouif (Ferenczi, éditeurs).