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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/97

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Le Bouif errant

Le Bouif haussa les épaules :

— Rendre raison à un pareil idiot. Vous parlez d’un boulot pépère !

— Votre carte ! vociféra le diplomate.

— Attendez un peu, ne soyez pas impatient. Laissez-moi sercher dans ma poche. Ah ! je la tiens. La voici.

Avec une grande dignité, il tendit à son adversaire la carte échappée au portefeuille de « Ça-Va » et qu’il avait ramassée sans la lire.

Raide et gourmé, comme il convenait dans une circonstance aussi dramatique, Michaël Bossouzof fit le salut militaire.

— Vous recevrez de mes nouvelles incessamment, monsieur.

— J’y compte bien, fit aimablement le Bouif. Je serai sensible à cette attention. Envoyez-moi des cartes postales avec un timbre pour la réponse. Je vous écrirai. Adieu !

Puis, sans attendre la réplique, il courut retrouver Ladislas et ses amis.

— Tout est arrangé, fit-il. L’incident est close. Caletons ! Mais si le gros tas n’avait pas retenu la nappe avec son bide, je n’aurais pas raté mon espérience. Je vais vous expliquer le procédé… C’est très simple…

Il était si pressé de justifier sa maladresse, qu’il oublia d’informer « Ça-Va ! » de l’histoire de la carte remise au comte Bossouzof.

Ce dernier avait repris sa place entre ses deux compagnes de fête. Il avait replacé sur son nez de Kalmouck ses bésicles quadrangulaires et repris toute sa clairvoyance et sa présence d’esprit.