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Page:La France foutue, 1796.djvu/124

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NOTES.


bandât les yeux, disant qu’ayant tant de fois bravé la mort pour le service du roi de France, son maître, il ne les avait jamais fermés ni détournés devant ses ennemis. À l’imitation des Américains, il fit une courte harangue. Mourons, dit-il à ses compagnons d’infortune (ils étaient six), puisqu’il faut mourir ; mais mourons en hommes. La mort n’a rien d’effrayant pour moi. Après avoir demandé une prise de tabac avec un sang-froid qui n’a point d’exemple : Messieurs les Espagnols, continua-t-il, soyez témoins que vous mourons pour avoir voulu toujours être Français ; oui, sachez-le, quoiqu’étranger, mon cœur est Français ; il a toujours été pour Louis le Rien-Aimé, au service duquel j’ai sacrifié trente et quelques années ; et je me fais une gloire que mon amour pour lui soit cause de ma mort. Il déchira sa chemise, montra son estomac cicatrisé de blessures reçues, en disant : Tirez, bourreaux.

L’on observe que, depuis ce tems, la colonie n’offre que des campagnes désertes.

Les Suisses sont comme les Cariens. C’était une nation de guerriers, qui s’enrôlaient indifféremment dans les armées de quiconque pouvait les payer : de-là est venu ce proverbe : point d’argent, point de suisse.

(3) Lafayette créera de nouvelles milices… La garde parisienne.