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Page:La France foutue, 1796.djvu/184

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RAPPROCHEMENS


Le royaume de Pergame fut fondé par Philétere, eunuque, qui avait appartenu à un officier de l’armée d’Antigone. Il suivit la fortune de son maître, lorsque changeant de parti, il s’attacha au service de Lysimaque. Ce dernier lui avait confié la garde de Pergame, où il avait déposé ses trésors. Les soupçons d’Arsinoé, et les démarches qu’elle fit pour le perdre, le portèrent à la révolte. Il se forma un trône, qu’il occupa vingt ans.

Le hasard, maître de tout, sert plus que le courage, les armées et les crimes. Que de héros ont péri comme Charles XII ; que d’armées ont été défaites, qui égalaient la bravoure des Grecs, au passage des Thermopyles : enfin, que de criminels ont subi la juste punition de leurs crimes ? Le hasard seul sauve les hommes ; il en fait des vainqueurs, mais non pas des héros. Que de Philétere dans notre révolution !


La vertu est si rare qu’elle semble ne pouvoir plus faire que de vains efforts. La corruption générale occasionne de fréquentes catastrophes, épouvantables et inutiles. L’écroulement d’un colosse n’est suivi d’aucun résultat propre à consoler et à secourir la race humaine. Ce ne sont que des nouveaux usurpateurs, ce ne sont que des furieux triomphans, qui se substituent à des furieux abattus ; et les hommes sont à-la-fois, superstitieux, impies, sots et fripons.