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Page:La France foutue, 1796.djvu/193

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DE CIRCONSTANCES.

Un Mot sur mon Poëme.

Beaucoup de gens me blâmeront : tampis ; l’estime des gens honnêtes est précieuse, mais voici mon excuse. J’ai écrit mon poëme avec une plume libidine, et j’ai fait une priapée, d’événemens tragiques : 1°. parce que le français s’ennuie de tout, et qu’ennuyé de lire, il faut quelque chose qui le stimule ; 2°. je ne demande point à être lu par des convertis, mais bien par des gens dont l’opinion est erronée ; 3°. l’on m’ignore : ce n’est point assez, me dira-t-on, votre cœur ignore-t-il ce que votre plume a tracé ? avez-vous écrit pour n’être pas lu ? et votre poëme ne peut-il pas se trouver entre des mains… Je défie que la jeune fille qui lira ma tragédie ait des mains chastes ; quant aux oreilles, elle ne se la laissera jamais lire ; tant qu’à son cœur, ne craignez rien, la Nouvelle Héloïse est plus dangereuse que les Thérèse Philosophe, que les Piron, que les Grégourt, que les la Fontaine, etc. ; 4°. enfin, j’ai écrit pour les libertins, parce que ce sont ceux-là que je veux qui me lisent. Lorsqu’il s’agit du bien, qu’importe comment on l’opère ? N’avez-vous jamais pris du poison pour vous guérir ?