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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/115

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première fois les mers de l’Afrique et de l’Inde. C’était l’une de ces colonnes d’eau que l’on appelle trombes[1], qui s’élèvent de la surface des flots jusqu’aux nues, en pyramide renversée, phénomène assez commun dans ces mers. Les Portugais, dans leur ignorance, le prirent pour un signe de beau temps. Ils ne savaient pas que cette colonne est toujours accompagnée d’un tourbillon ou courant d’air auquel rien ne résiste : ils en firent la triste expérience. La colonne vint fondre sur la flotte. Quatre vaisseaux furent submergés sur-le-champ, avec l’équipage et les capitaines, entre lesquels on comptait ce Barthélémy Diaz, qui avait découvert le cap de Bonne-Espérance. Tous les autres navires furent remplis d’eau, et eurent leurs voiles déchirées.

Enfin, la tranquillité commençant à revenir sur les flots, l’amiral reconnut que pendant l’orage il avait passé le cap de Bonne-Espérance ; mais que quatre vaisseaux s’étaient séparés de sa flotte. Il prit deux bâtimens maures qui revenaient de Sofala, chargés d’or pour Mélinde. Ils en avaient jeté, en fuyant, une partie dans la mer. Comme leur commandant était parent du roi de Mélinde, l’amiral ne toucha point à leur charge. Il témoigna même du regret de la perte volontaire qu’ils avaient faite ; mais il fut bien étonné lorsqu’ils lui dirent qu’étant sans doute plus grand magi-

  1. On a appris depuis à en prévenir l’effet en abaissant toutes les voiles.