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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/169

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dont la vie est un modèle ou un reproche pour ceux qui occupent les grandes places. Il avait, dans sa première jeunesse, suivi Charles-Quint dans l’expédition de Tunis ; mais il réfusa les récompenses que lui offrit ce prince, ne voulant en recevoir que de son roi. Ensuite, commandant un vaisseau dans la flotte de Norongna qui devait secourir Diu lorsque les Turcs l’assiégèrent, et qui pourtant ne le secourut pas, il avait vu, dans les lenteurs préméditées de l’amiral qui faillirent perdre Diu, ce que peut faire la basse jalousie et l’intérêt personnel, et il avait présagé dès lors tous les malheurs qui arrivèrent bientôt aux Portugais. Nommé commandant d’Ormuz avec mille ducats d’appointemens, il accepta la pension parce qu’il était pauvre, et refusa le commandement parce qu’il ne s’en croyait pas digne. Pour le devenir, il se livra tout entier à l’étude, et tâcha d’acquérir les connaissances mathématiques et géographiques nécessaires dans les voyages de long cours et dans les commandemens maritimes. En 1540, il suivit Étienne de Gama, frère du fameux Vasco, qui, voulant venger le Portugal de l’invasion des Turcs dans l’île de Diu, entra dans la mer Rouge avec le dessein d’aller brûler leur flotte à Suez. Gama fut repoussé à Suez ; mais il enrichit tous ses soldats du pillage de Suaquem, l’une des places les plus importantes de la côte. Castro, qui cherchait une autre espèce de butin, fit un journal exact de la navigation de Gama depuis