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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/17

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que les juges académiques eussent prononcé. On sait que Necker pour lui faire un présent délicat, avait fait ajouter deux mille francs au prix proposé par l’académie de Marseille, pour le meilleur éloge de La Fontaine, et que ce fut Champfort qui le remporta. Un grand mérite de Laharpe, dans ces éloges, c’est d’avoir su en varier le style et le mettre d’accord avec les sujets ; sous ce rapport il a l’avantage sur Thomas, qui a parfaitement retracé l’histoire des éloges, mais qui en a fait presque d’aussi ampoulés que ceux qu’il a blâmés. Une douceur harmonieuse règne dans l’éloge de Fénélon ; l’auteur fait sentir la candeur angélique de cette âme pure qui ne connaissait point les sentimens haineux et dont le cœur, valait mieux que celui de tant d’autres prélats du temps, toujours empressés de persécuter au nom de leur religion. Comme cet esprit de tolérance ne s’était pas transmis à leurs successeurs, ceux-ci trouvèrent leur satire et des maximes mal sonnantes dans l’éloge de Fénélon fait par Laharpe, et se remuèrent pour s’en venger. Un ministre d’un esprit assez médiocre, le chancelier Maupeou, ordonna que désormais les morceaux académiques seraient soumis comme autrefois à l’approbation de la Sorbonne, espèce d’inquisition qui jouissait de la faculté de condamner sans pouvoir y joindre celle de punir. Heureusement cet ordre absurde ne resta pas long-temps en vigueur.

L’éloge de La Fontaine rappelle la naïveté du fabuliste, et l’éloge de Racine contient une analyse habile des beautés tragiques de ce grand poëte. Parmi les autres éloges, celui de Catinat est regardé comme le plus soigné. Ces titres littéraires lui ouvrirent en 1776 les portes de l’académie