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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/176

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sur la côte de la Malaguette, d’où ils rapportaient du poivre et de l’ivoire. On donne pour preuves de ces voyages les noms français qui se sont conservés dans ces contrées, où des baies s’appellent encore baies de France ; où deux cantons sont encore nommés, l’un le petit Dieppe, l’autre le petit Paris. On ajoute que les tambours nègres battent encore une marche française. On avance enfin que le célèbre château de la Mina ne fut bâti par les Portugais que sur les ruines d’un ancien établissement français qui avait été abandonné pendant les guerres civiles, ainsi que d’autres possessions à Cormantin et à Commendo ; mais il est difficile de croire qu’il soit resté si peu de traces d’une si grande puissance. Ce qui paraît prouvé, c’est qu’en effet les Normands, que leur situation a toujours portés au commerce de mer, ont long-temps fréquenté les côtes d’Afrique, où ils eurent même quelques comptoirs, qu’après la mort de Charles vi nos guerres civiles firent abandonner. Il est du moins certain que, lorsque les Anglais, les premiers après les Portugais, firent quelques entreprises de commerce sur les côtes de Guinée, les Français paraissaient avoir oublié cette route, et ne s’y montrèrent que quelque temps après.

La jalousie du commerce est si injuste et si exclusive, et la marine portugaise avait tant d’ascendant, que les courses des navigateurs anglais au delà du détroit de Gibraltar furent