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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/189

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en état de faire la manœuvre. On prétend que la précaution qu’il avait prise de faire boire à ses matelots du jus de limon, et de leur interdire toute nourriture jusqu’à midi, les garantit du scorbut, et l’on croit même que cette maladie ferait peu de progrès sur les vaisseaux, si les matelots pouvaient se réduire au biscuit et s’abstenir de viandes salées. Quoi qu’il en soit la flotte, après s’être rafraîchie successivement à Saldagna, dans la baie d’Antongil sur la côte de Madagascar, et aux îles de Nicobar, vint débarquer à Sumatra. Lancaster était chargé d’une lettre du roi d’Angleterre pour le roi d’Achem. Il en fut très-bien reçu, et conclut un traité de commerce d’autant plus facilement, que le prince indien, tyrannisé par les Espagnols et les Portugais, était intéressé à leur opposer une puissance rivale qui pût balancer la leur et l’en affranchir avec le temps. D’Achem on alla dans l’île de Java former une cargaison de poivre. On y trouva les mêmes facilités dans le jeune roi de Bantam. Mais les Hollandais y étaient déjà établis. Cette nation, qui n’avait passé le cap que quarante ans après les Anglais, avait tourné d’abord dans les Indes, et ne s’occupait pas encore de l’Afrique, où elle a eu depuis de grands établissemens. Elle suscita mille obstacles aux Anglais à Bantam, et faillit plusieurs fois de ruiner les magasins qu’on leur avait permis d’élever. Cependant ils vinrent à bout de compléter la charge de leurs vaisseaux, et, prêts à partir pour l’Eu-