Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/207

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surprenant aux Anglais, que les habitans leur racontèrent qu’ils n’avaient eu depuis six ans aucune pluie dans le canton. Le blé même y était à fort bon marché. Il y avait un si grand nombre de bestiaux, qu’un bœuf gras ne s’y vendait que trois piastres, et les autres animaux à proportion ; pour le poisson, avec trois sous on en pouvait acheter de quoi nourrir dix hommes. La ville est sévèrement gouvernée par les Turcs. Leur empire sur les Arabes est si rigoureux, qu’ils ont toujours des galères et d’autres punitions préparées pour eux, et sans lesquelles il serait impossible de les tenir dans la soumission.

Sharpey fit demander la permission d’entrer dans le port, à titre de marchand d’Europe qui désirait également de vendre et d’acheter ; il avait du fer, du plomb, de l’étain, du drap, des lames d’épée et autres marchandises recherchées dans ces régions. Il fut reçu avec des caresses et des offres qui ne pouvaient être suspectes dans une ville de commerce. On commença par exiger de lui le droit d’ancrage, mais sans violence, et suivant l’usage établi pour tous les marchands étrangers. Ensuite étant entré dans la ville, il eut la liberté de s’y loger commodément. On lui demanda l’état de ses marchandises, et, sur le premier mémoire qu’il en donna y on se serait accommodé sur-le-champ de toute sa cargaison, s’il n’eût voulu en réserver la meilleure partie pour le terme de son voyage, c’est-à-dire pour les