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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/212

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grossir les revenus du grand-seigneur ! car les droits de la douane de Moka étaient évalués à près de 40,000 liv. sterling par an.

L’aga proposa à l’amiral d’écrire aux commandans de ses vaisseaux qu’ils descendissent à terre, et qu’ils y débarquassent leurs marchandises. « Croyez-vous, lui dit l’amiral, que les Anglais soient des insensés, et qu’ils viennent se précipiter volontairement dans l’esclavage ? » La réponse de l’aga fait voir quelle idée on a de l’obéissance dans les pays despotiques. « N’êtes-vous pas leur chef ? Ils viendront, si vous leur écrivez. — Je ne veux pas leur écrire » , dit fièrement l’amiral. L’aga le menaça de lui faire couper la tête. Middleton répondit qu’il était tout prêt, et que les fatigues de la navigation et les traitemens qu’il éprouvait lui rendaient la vie insupportable. On le chargea de nouvelles chaînes aux pieds et aux mains, et on l’enferma dans une étable à chiens. On ne sait quels termes auraient eus toutes ces barbaries, si le consul des Banians, nommé Thermal, et un riche négociant, nommé Toukar, intéressés par état à ce que les négocians étrangers ne fussent pas maltraités à Moka, ne s’étaient réunis pour protéger les Anglais avec Hamed Ouadi, riche marchand, qu’on appelait le marchand du pacha, parce qu’il était l’ami du pacha de Zénan, et lui avait même rendu de grands services avant son élévation. Ces trois hommes mirent dans les intérêts des Anglais le kiaia ou secrétaire du pacha, en lui fai-