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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/214

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le reste de la garde. L’amiral et ses gens attendirent quelque temps dans une cour fort spacieuse, où quelques officiers vinrent les prendre pour les conduire devant le pacha. C’était un jour de divan ou de conseil. Ils montèrent un escalier au sommet duquel deux hommes d’une taille extraordinaire prirent l’amiral par les bras, en les serrant de toute leur force, et l’introduisirent dans une longue galerie où le conseil était assemblé. Il y avait de chaque côté un grand nombre de spectateurs assis ; mais le pacha était dans l’enfoncement, seul sur un sopha, avec un certain nombre de conseillers qui étaient à quelque distance de lui. Le plancher était couvert de tapis fort riches, et tous ces objets formaient un coup d’œil imposant.

À cinq ou six pas du pacha, les deux guides l’arrêtèrent brusquement. Il demeura pendant quelques minutes exposé aux regards de l’assemblée ; enfin le pacha lui demanda d’un air sombre et dédaigneux de quel pays il était, et ce qu’il venait chercher dans celui des Turcs ; l’amiral répondit qu’il était un marchand anglais, et que, se croyant ami du grand-seigneur en vertu des traités du roi son maître, il était venu pour exercer le commerce. Il n’est permis à aucun chrétien, lui dit le pacha, de mettre le pied dans cette contrée. Middleton lui exposa comment on l’avait trompé par de fausses assurances, et comment on l’avait traité. Le pacha répondit que l’aga n’était