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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/227

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bouclier, et si loin, qu’on la perd de vue dans l’air. Ainsi les peuples sauvages, en ajoutant à l’énergie des organes naturels, sont parvenus quelquefois à balancer les inventions de notre industrie ; et l’homme de la société, malgré tous ses avantages artificiels, est quelquefois petit devant l’homme de la nature.

À l’égard des productions de ces îles, les Espagnols n’y trouvèrent ni blé ni vin à leur arrivée. Ce qu’il y avait alors de plus utile était le fromage, qui était fort bon dans son espèce, les peaux de boucs, que les habitans passaient en perfection, et le suif, qu’ils avaient en abondance. Dans la suite, on y a planté des vignes et semé toutes sortes de grains. Lorsque Richard Hawkins fit le voyage en 1593, il y trouva du vin et du blé de la production du pays ; mais il s’engendre dans le blé un ver qui se nomme gorgossio, et qui en consomme toute l’a substance sans endommager la peau. Les Canaries ont donné depuis, avec le vin et le blé, du sucre, des conserves, de l’orseille, de la poix qui ne fond point au soleil, et qui est propre par conséquent aux gros ouvrages des vaisseaux, du fer, des fruits de toutes les bonnes espèces, et beaucoup de bestiaux. La plupart de ces îles peuvent fournir aux bâtimens leur provision d’eau. Toutes les relations s’accordent à les représenter comme une source féconde de toutes sortes de commodités, mais relèvent particulièrement les bestiaux, le blé, le miel, la cire, le sucre, le fromage et les peaux. Le vin des Ca-