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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/269

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Sous le règne d’Édouard iii, roi d’Angleterre, un homme d’esprit et de courage, nommé Robert Macham, ayant conçu une passionfort vive pour une jeune personne d’une naissance supérieure à la sienne, obtint la préférence sur tous ses rivaux. Mais les parens de sa maîtresse, qui se nommait Anne Dorset, s’aperçurent des sentimens de leur fille ; et, dans la résolution de ne pas souffrir un mariage qui blessait leur fierté, ils se procurèrent un ordre du roi pour faire arrêter Macham, jusqu’à ce que le sort d’Anne fût fixé par une autre alliance. Ils lui firent épouser un homme de qualité. Anne fut aussitôt conduite à Bristol, dans les terres de son mari. L’amant prisonnier obtint immédiatement sa liberté ; mais, animé par le ressentiment de son injure autant que par sa passion, il entreprit de troubler le bonheur de son rival. Quelques amis lui prêtèrent leur secours. Il se rendit à Bristol, où, par des artifices ordinaires à l’amour, il trouva le moyen de voir sa maîtresse. Elle n’avait pas perdu l’inclination qu’il lui avait inspirée pour lui. Ils résolurent ensemble de quitter l’Angleterre, et de chercher une retraite en France. Leur diligence fut égale à leur témérité. Un jour qu’Anne feignit de vouloir prendre l’air, elle se fit conduire au bord du canal par un domestique de confiance ; et, se mettant dans un bateau qui l’attendait, elle gagna un vaisseau que son amant tenait prêt pour leur fuite.