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Ils s’y firent conduire aussitôt dans la chaloupe, en laissant le reste de leurs gens pour la garde du vaisseau. Le pays leur parut enchanté. La douceur des animaux ne les invitant pas moins que celle de l’air et que la variété des fleurs et des fruits, ils s’avancèrent un peu plus loin dans les terres. Bientôt ils trouvèrent une belle prairie bordée de lauriers, et rafraîchie par un ruisseau qui descendait des montagnes dans un lit de gravier. Un grand arbre qui leur offrait son ombre leur fit prendre la résolution de s’arrêter dans cette belle solitude. Ils y dressèrent des cabanes pour y prendre quelques jours de repos et délibérer sur leur situation. Mais leur tranquillité dura peu. Trois jours après, un orage arracha le vaisseau de dessus les ancres, et le jeta sur les côtes de Maroc, où, s’étant brisé contre les rochers, tout l’équipage fut pris par les Maures et renfermé dans une étroite prison.

Macham, n’ayant retrouvé le lendemain aucune trace de son bâtiment, conclut qu’il était coulé à fond. Cette nouvelle disgrâce répandit la consternation dans sa troupe, et fit tant d’impression sur sa compagne, qu’elle n’y survécut pas long-temps. Les premiers malheurs qui avaient suivi son départ avaient abattu son courage ; elle en avait tiré de noirs présages, qui lui faisaient attendre quelque funeste catastrophe. Mais ce dernier coup lui fit perdre jusqu’à l’usage de la voix ; elle expira deux jours après, sans avoir pu prononcer une pa-