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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/284

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que les transports étaient déjà considérables. Entre les vignes qui furent portées à Madère, le prince Henri fit choisir à Candie quelques ceps de Malvoisie, qui réussirent parfaitement, et qui font aujourd’hui du malvoisie de Madère un des meilleurs vins du monde.

En général, le terroir de Madère est si favorable aux vignobles, qu’on y voit plus de grappes que de feuilles, et qu’elles y sont d’une grosseur extraordinaire. On y trouve aussi, dans sa perfection, le raisin noir, qui se nomme pergola. Cada-Mosto ajoute que les habitans commençaient alors la vendange à Pâques.

L’île ne produit rien avec tant d’abondance que du vin ; on en distingue trois ou quatre espèces : celui qui a la couleur du champagne a peu de réputation ; le pâle est beaucoup plus fort ; la troisième espèce, qu’on nomme malvoisie, est véritablement délicieuse ; la quatrième est le tinto, qui n’est pas moins coloré que le malvoisie, mais qui lui est fort inférieur par le goût. On le mêle avec d’autres vins, autant pour les conserver que pour leur donner de la couleur. Cada-Mosto remarque qu’en le faisant cuver, on y jette une sorte de pâte composée de la pierre de jess, qu’on pile avec beaucoup de soin, et dont on met neuf ou dix livres dans chaque pipe. Le vin de Madère a cette propriété, qu’il se perfectionne, ou que, s’il a souffert quelque altération, il se répare a la chaleur du soleil ; mais il faut, pour cette