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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/286

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effet il est teint, quoique les habitans s’obstinent à le désavouer.

Les négocians anglais, à qui l’on a permis de résider dans cette île, y ont transporté d’Angleterre des groseilles, des framboises, des noisettes et d’autres fruits, qui ont mieux réussi dans un climat chaud que la plupart des fruits de Madère ne réussissent sous un ciel aussi froid que celui d’Angleterre. La banane est estimée des habitans avec une sorte de vénération, comme le plus délicieux de tous les fruits ; jusque-là qu’ils se persuadent que c’est le fruit défendu, source de tous les maux du genre humain. Pour confirmer cette opinion, ils allèguent la grandeur de ses feuilles, qui ont assez de largeur pour avoir servi à couvrir la nudité de nos premiers pères. C’est une espèce de crime, à Madère, de couper une banane avec un couteau, parce qu’on voit ensuite dans la substance du fruit quelque ressemblance avec l’image de Jésus-Christ.

Entre les arbres, Cada-Mosto vante beaucoup le cèdre et le nasso de Madère. Le premier est fort haut, fort gros et fort droit. Son odeur est très-agréable. On en fait de belles planches, qui servent particulièrement pour les lambris. Le nasso est couleur de rose. Outre les planches, on en fait des bois de fusil, et des arcs d’un excellent ressort. On envoie les arcs aux Indes occidentales, et les planches en Portugal.

Atkins découvrit dans les jardins de Madère