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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/296

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dix ou douze autres de ces brigands de prendre possession de la felouque. À l’arrivée de Roberts, qui fut amené sur-le-champ, il tira son sabre, en répétant avec d’affreux blasphèmes qu’il saurait lui apprendre à vivre. Le malheureux Roberts se crut à sa dernière heure, et continua de s’excuser sur son ignorance ; mais l’autre tenait toujours son sabre levé et continuait ses menaces. Un de ses gens affecta de lui retenir le bras, et promit à Roberts qu’il ne lui arriverait rien de fâcheux. Alors Russel voulut savoir pourquoi il était si mal vêtu. L’excuse de Roberts fut qu’il ne s’attendait pas à paraître devant un homme si redoutable. Et pour qui me prenez-vous ? reprit Russel. Ici Roberts, fort embarrassé, chercha long-temps sa réponse. Enfin, dans la crainte d’offenser également par la vérité ou par la flatterie : « Je crois, répondit-il, que vous êtes un homme de distinction, qui fait de grandes entreprises sur mer. Tu ments, répliqua Russel ; ou si tu crois dire vrai, apprends que nous sommes pirates. »

Roberts lui ayant offert d’aller se vêtir plus décemment, Russel lui dit, en jurant plus que jamais, qu’il était trop tard et qu’il demeurerait dans l’habillement où il s’était laissé prendre, mais que son bâtiment et tout ce qu’il contenait ne lui appartenait plus, « Je ne le vois que trop, répondit Roberts ; cependant, lorsqu’il m’est impossible de l’empêcher, j’espère de votre générosité que vous vous contenterez de ce qui peut vous être utile, et que vous me lais-