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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/326

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lorsqu’ils portaient de la haine à leur famille.

On sera peut-être surpris, dit Roberts, que j’entendisse si parfaitement leur langage. Mais sachant la langue portugaise, qui fait une grande partie de la leur, mêlée avec l’ancien mandingue, qui est leur première langue, ils ne me disaient rien dont je ne comprisse du moins le sens. D’ailleurs leurs moindres paroles sont accompagnées de tant de mouvemens et de gesticulations surtout dans cette île et dans celle de Saint-Philippe, que leur pensée se fait entendre avant qu’ils aient achevé de l’exprimer.

Dans l’après-midi, le vent devint fort impétueux, et le ciel se couvrit de nuages si épais, que Roberts se crut menacé d’une tempête. Il était venu à bord plusieurs autres Nègres. À sa prière, un d’entre eux se mit à la nage, tenant le bout d’une corde pour amarrer le bâtiment contre les rocs ; mais il le fit si légèrement, que, la corde ayant coulé aussitôt, son travail devint inutile. Roberts le pria inutilement de recommencer. Il répondit que, si le vent éloignait sa felouque, il se chargeait, lui et ses compagnons, de porter les deux Anglais au rivage. Cependant quelques-uns d’entre eux consentirent à retourner à terre pour chercher Colau-Verde, dont l’adresse et l’audace pourraient être de quelque secours. Le vent fut inégal pendant la nuit suivante. Une heure avant le lever du soleil, il plut beaucoup au nord-est et à l’est-nord-est ; ce que les Nègres expliquèrent comme un signe de vent qui ne ferait qu’augmenter pendant le jour. Ce-