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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/331

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Il fut fort surpris de leur entendre dire que, dans cette supposition, les blancs perdraient peut-être leur couleur, mais que leurs cheveux conserveraient toujours leur nature, et ne deviendraient pas frisés comme ceux des Nègres ; en quoi, certes, ils raisonnaient beaucoup mieux que lui. Ils lui dirent encore qu’ils n’avaient que trop reconnu par une longue expérience qu’il y avait sur eux quelque malédiction, et qu’ils étaient faits pour être les serviteurs et les esclaves des blancs. Roberts, assez content de les voir dans cette idée, leur répondit que c’était une opinion reçue dans le monde. Ils entrèrent si fort dans sa réponse, qu’ils la confirmèrent en lui disant que c’était une vérité prouvée par l’usage annuel des blancs, qui venaient prendre ou acheter des milliers d’esclaves en Guinée.

Non-seulement les Nègres sauvèrent tous les débris qui étaient sur la surface de la mer, mais, plongeant avec une hardiesse extrême, ils ramenèrent du fond des flots deux pots de fer qu’il se hâtèrent de rendre à Roberts. Ils excellent tous à nager et à plonger. La petite baie de Punta do Sal est d’une eau si claire, que dans le beau temps on voit le fond jusqu’à huit ou dix brasses. C’est un de leurs plus doux exercices, après la pêche, de jeter une pierre au fond de l’eau, et de parier entre eux qui aura le plus d’adresse à la trouver. Ils ont un art de ménager leur haleine, qui les fait demeurer au fond plus d’une minute.

Vers midi, ils firent à Roberts un dîner com-