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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/34

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grands états, et les premiers peuples florissans. Ces peuples cultivaient les sciences et les arts ; par conséquent ils avaient quelque connaissance des autres pays. Ils faisaient des guerres, et conquéraient leurs voisins ; leurs notions furent donc et plus étendues et moins inexactes. Quelques sages voyagèrent pour s’instruire, et rapportèrent de leurs excursions des connaissances nouvelles. Malheureusement ces sages appartenaient pour la plupart à quelque caste ou corporation ; ils partaient avec des systèmes et des préjugés ; ils rapportaient ce bagage inutile, et quelquefois, au retour, ils ensevelissaient le fruit de leurs observations dans les mystères de leurs associations ; le peuple n’en profitait guères.

Une nouvelle source d’instruction fut ouverte au monde, par les voyages et expéditions commerciales des Phéniciens. Ce peuple marchand, riche et entreprenant, fonda des colonies sur la côte d’Afrique et sur celle d’Espagne ; ses marins visitèrent un grand nombre de côtes inconnues, et ses marchands entretinrent des liaisons avec des peuples qui ne s’étaient pas connus entr’eux jusqu’alors. C’était une époque de découvertes géographiques. Cependant les Phéniciens, comme tous les peuples commerçans, étaient jaloux ; ils ne voulurent pas trop divulguer leurs découvertes, de peur de montrer le chemin à d’autres nations, et de les inviter à suivre leur exemple. Les Carthaginois ne les en supplantèrent pas moins, et ce peuple, plus dominateur que les Phéniciens qui au fond voulaient