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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/351

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d’années avant que Roberts y abordât, le défaut de pluie la fit abandonner par tous les habitans, à l’exception d’un vieillard qui résolut d’y mourir ; ce qui arriva effectivement la même année. La sécheresse avait été si excessive, que la plus grande partie des bestiaux périrent de soif et de faim. Cependant il tomba un peu de pluie, qui rétablit insensiblement ce qui était resté ; mais ce ne fut pas pour long-temps. Un bâtiment français, arrivé à Sal pour la pêche des tortues, fut contraint par le mauvais temps d’y laisser une trentaine de Nègres qu’il avait apportés de Saint-Antoine pour ce travail. Ces malheureux, ne trouvant aucun autre aliment, vécurent de chèvres sauvages. Ils n’en laissèrent qu’une, qu’ils ne purent prendre dans les montagnes. Ils tuèrent aussi presque toutes les vaches ; de sorte qu’à la fin ils furent réduits à manger des ânes.

Environ six mois après, un vaisseau anglais faisant voile à l’île de Mayo pour y charger du sel, aperçut de la fumée qui s’élevait de l’île de Sal. Comme il n’ignorait pas qu’elle était déserte, il se figura que c’était l’équipage de quelque vaisseau qui s’était brisé contre cette île. Il y envoya sa chaloupe, et la compassion lui fit recevoir à bord les trente Nègres, qu’il remit à terre dans l’île de Saint-Antoine. Roberts apprit cet accident d’un des Nègres qui avait eu part à l’aventure.

Le coton qui croît aux îles du cap Vert n’y a jamais été d’un grand usage. Cependant les ha-