Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toffe de coton qui leur tombe jusqu’aux genoux, et les hommes une sorte de haut-de-chausses, à laquelle on n’exige même que la grandeur nécessaire pour sauver la bienséance. Quelques-uns, faute de haut-de-chausses, portent à la ceinture de vieux lambeaux d’habits, et leur paresse est telle, qu’ils ne prendraient pas une aiguille pour raccommoder leurs vêtemens.

Le même vice leur fait négliger le coton, quoique leur île en produise plus que toutes les autres ensemble. Ils attendent, pour en ramasser, qu’il leur soit arrivé quelque vaisseau qui leur en demande, et leurs femmes ne pensent à le filer que lorsqu’elles en ont besoin. Aussi, quand la saison de le recueillir est passée, on n’en trouverait pas cent livres dans l’île entière. Cependant Roberts assure qu’elle en fournirait aisément chaque année la cargaison d’un grand vaisseau. Il remarque même que, dans quelques années où toutes les autres îles en ont manqué, celle de Bona-Vista en a toujours produit abondamment. C’est sur cette observation qu’il propose d’en faire un commerce dans la Guinée.

Bona-Vista produit de fort bon sel. L’indigo y croît naturellement comme le coton, sans autre peine pour les habitans que celle de le cueillir. Malheureusement ils n’ont pas l’art de séparer la teinture, ou de faire, comme aux Indes occidentales, ce qu’on appelle la pierre bleue. Ils se contentent de prendre les feuilles vertes et de les broyer dans des mortiers de bois, faute de moulins.