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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/375

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la visite de toute sa province, laissa des ministres fort ignorans dans chaque île ; et celle de Saint-Jean eut pour son partage un prêtre nègre, dont celui que Roberts y trouva était le quatrième successeur. Roberts assure qu’il n’entendait pas la langue latine ; ce qui n’empêchait point qu’ayant appris à lire dans le missel, il ne célébrât les saints mystères et qu’il n’administrât les sacremens. Mais il souffrait l’usage des superstitions établies, telles que de faire laver les enfans avant le baptême, de mettre de la terre sur la tête aux jeunes filles, dans la cérémonie du mariage, pour marque de sujétion ; d’arroser d’eau les fosses des morts, et quelquefois d’une quantité de jus de melon d’eau, etc.

Le gouverneur de l’île y exerce la justice, et décide les petits différens qui s’élèvent entre les habitans. S’ils refusent d’obéir à ses ordres, il a le pouvoir de les faire mettre dans une prison, qui n’est qu’un parc découvert comme ceux où l’on renferme les bestiaux en Europe. Là, dit l’auteur, ils demeurent quelquefois des jours entiers sans entreprendre de se mettre en liberté. Il est rare du moins de voir des rebelles. Lorsqu’il s’en trouve, le gouverneur est en droit de les faire reprendre, et de leur faire lier les pieds et les mains dans la même prison, avec une garde pour les y retenir, jusqu’à ce qu’ils aient satisfait à leur adversaire, et qu’ils aient demandé pardon au public. L’autorité du gouverneur ne