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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/38

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dédommagement de toutes les lumières qu’ils éteignirent. Il y eut pourtant quelques géographes dans cette époque : la clarté et la précision ne sont pas les qualités dominantes de leurs écrits.

Le goût de l’étude ne disparut pas entièrement : il se conserva dans les établissemens religieux, et, par un concours de nouveaux événemens il se ralluma dans la suite. Pour propager la foi chrétienne, les missionnaires pénétrèrent dans toutes les parties de l’Europe, dans l’Afrique et dans l’Asie ; on écrivit l’histoire de leurs vies et de leurs succès ; pour prix de ses conversions, l’hiérarchie se soumit les peuples qui adoptèrent la religion ; elle eut intérêt à les connaître : il y eut donc de nouveaux foyers où vinrent se rassembler les lumières géographiques. Les Plan-Carpin, les Rubruquis et les Marc-Paul, qui voyagèrent dans des vues ecclésiastiques, firent de véritables découvertes. Mais si le christianisme fut utile à cette science, l’islamisme la servit aussi. Par suite des conquêtes de Mahomet, il se forma en Asie un empire, celui des califes, qui voulut réunir tous les genres d’illustration, et favorisa en effet avec une munificence digne d’éloges les lettres, les arts et les sciences. La géographie ne fut pas négligée par les savans arabes, et, quoiqu’ils n’eussent aucun accès auprès des bibliothéques des pays chrétiens, ils purent recueillir beaucoup de notions, grâce à l’extension rapide qu’avait prise la domination des califes, et la religion musulmane.