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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/380

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de deux ans, surtout depuis que le besoin de ces animaux était diminué aux Indes occidentales : c’est ce qui avait rendu les habitans plus industrieux que tous leurs voisins. Dans un temps plus heureux, ils avaient une si grande abondance de chèvres et de vaches, que, sans diminuer le fonds, parce qu’ils ne les tuaient qu’à proportion du produit, ils embarquaient ordinairement sur les vaisseaux annuels du Portugal deux mille peaux de chèvres des trois îles de Saint-Nicolas, de Sainte-Lucie et Saint-Vincent, et cent peaux de vaches qui ne venaient que de Saint-Nicolas. Mais la famine y avait réduit le nombre des vaches à quarante ; et celui même des chèvres était tellement diminué, que le gouverneur dit à Roberts qu’il ne fallait pas espérer de trois ans qu’on en pût faire passer en Portugal.

L’industrie des habitans de Saint-Nicolas semblait promettre, au jugement de Roberts, que leur île serait bientôt repeuplée des espèces d’animaux qui s’accommodent le mieux du pays, surtout de porcs et de volailles, dont il y avait déjà peu de familles qui ne fussent assez bien pourvues. Cette réparation s’était faite dans l’espace d’environ trois ans, et le succès en avait été si prompt, qu’on aurait pu charger à fort bon marché un bâtiment de volailles, de porcs, même de chevaux, dont la race était venue de Bona-Vista depuis quatorze ans, par les soins d’un capitaine français nommé Rolland.