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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/111

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grand nombre d’habitans. Le gland, les pommes de pin et d’autres fruits sauvages étaient la seule nourriture des pauvres. La famine devint si pressante, que plusieurs villages furent pillés, et que les magasins mêmes du roi ne furent pas respectés. Ces désordres ne laissèrent pas de demeurer impunis, parce que les coupables étaient des esclaves de la cour. Le mal dura jusqu’en 1662, et l’année d’après s’en ressentit encore. La ville de Diu-Siong, où les Hollandais n’avaient pas cessé de demeurer, n’étant plus capable de leur fournir des provisions, il vint un ordre de la cour pour en distribuer une partie dans d’autres villes. Douze furent envoyés à Say-Syane, cinq à Siun-Schien, et cinq à Namman, à seize lieues plus loin. Cette séparation leur fut d’abord fort affligeante ; mais elle devint l’occasion de leur fuite, et par conséquent de leur salut.

Ils partirent à pied, et leurs malades avec leur bagage, sur des chevaux qui leur furent accordés gratuitement. La première et la seconde nuit, ils furent logés ensemble dans la même ville. Le troisième jour, ils arrivèrent à Siun-Schien, où les cinq qui étaient destinés pour cette ville furent laissés. Le lendemain, les autres passèrent la nuit dans un village, d’où étant partis fort matin, ils entrèrent vers midi dans Say-Syane. Leurs guides les livrèrent au gouverneur ou à l’amiral de la province de Thillado, dont cette ville était la résidence. Ce